HISTOIRE DE FIDEL CASTRO

HISTOIRE DE FIDEL CASTRO

LES DERNIERS 20 ANS

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En 1998 Fidel Castro accueille le pape Jean Paul II sur son île après avoir été excommunié en 1962 par le pape Jean XXIII.

 

Un autre problème se pose pour Fidel Castro à partir de la fin des années 1980, soit celui de l’évolution de l’URSS. Il est opposé à la politique de Perestroïka de Mikhaïl Gorbatchev qui finira par amener la disparition de l’URSS en décembre 1991.

Après cette date, et la cessation de l’aide soviétique, Castro doit tenir compte des pressions internationales en faveur de la démocratie du régime. En 1993, une assemblée nationale est donc élue à bulletins secrets, mais les candidats sont uniques. Toutefois, les signes d’ouverture du régime sont réels tandis que Fidel déploie dans ces années une grande énergie pour retrouver une stature internationale. En 1993, il reçoit le président chinois Jiang Zemin, une visite qui marque un tournant dans les relations sino-cubaine. Puis en 1996, il est reçu par le pape au Vatican et, après avoir restauré officiellement en 1997 la fête de Noël (après 25 ans d’interdiction) il accueille le souverain pontife à Cuba en 1998. C’est un voyage historique au cours duquel Jean Paul II émet le vœu (que Cuba puisse avec son potentiel magnifique s’ouvrir au monde et le monde s’ouvrir à Cuba.

C’est au tour de Juan Carlos de se rendre à La Havane pour le sommet ibéro-américain, la première visite d’un souverain espagnol depuis des siècles. Castro apparaît aussi aux séances des grands organismes internationaux : à l’Unesco à Paris en 1995, comme à l’OSM à Genève en 1998. Il est le plus jeune révolutionnaire en treillis des années 1950, la silhouette alourdie, la barbe moins noire et la voix fluette faisant de lui un personnage plus débonnaire. Mais il reste le chef incontesté du régime et sait toujours mobiliser le sentiment national autour de son célèbre slogan la patrie ou mourir.

 

Période d’austérité

Depuis 1990, le régime de Fidel Castro est entré dans une période de restrictions et d’autérité baptisée période spéciale en temps de paix. Pour combler le vide laissé par la disparition de son partenaire soviétique, Cuba décide de s’ouvrir au tourisme, autorise la libre circulation du dollar, et fait appel aux investisseurs étrangers. C’eux-ci, en majorité européens, sont devenus de fait les principaux soutiens du régime. C’est un jeu dangereux, car les lois les obligent à être des soutiens actifs de la dictature en employant une main-d’œuvre spoliée de son salaire et qui n’a aucun droit. Les entreprises étrangères doivent payer le salaire de leurs employés cubains en dollars à l’état cubain, qui le reverse en peso (1 dollar = 25 pesos), soit une confiscation de 97% de leur revenu.

L’image de Fidel prend de plus en plus de brillance. Il se fait de nombreux amis dans le monde, un peu moins chez son pire ennemi les États-Unis, même si de plus en plus d’Américains sont en faveur d’un assouplissement des restrictions contre l’île. Et il y a les intérêts économiques qui entre en jeu, certaines grandes entreprises américaines souhaitant assouplir les sanctions imposées à Cuba avec l’embargo d’autant plus qu’on a découvert qu’il y avait du pétrole sur la côte nord de l’île. Plusieurs firmes américaines, mais aussi chinoises et européennes, souhaitent une levée des restrictions imposées à Cuba et font pression sur le Congrès américain en ce sens.

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Sa santé chancelante, le dirigeant est toujours présent pour sa patrie.

 

Mais la présidence de Bush a été catastrophique pour Cuba, apportant une aggravation des sanctions économiques. Barack Obama, quant à lui, a déjà annoncé explicitement qu’il fallait dialoguer avec Cuba. Un article du Washington Post affirmait récemment que la politique envers Cuba avait échoué et l’équivalent de la Cour des Comptes a rendu un rapport très critique envers l’embargo. Avec ces nouvelles générations, on s’achemine donc peut-être, à moyen terme, vers une normalisation des relations entre Cuba et les États-Unis.

Du 13 au 16 mars 1995, invité par l’Unesco, Fidel se rend en France, il est reçu par le président français François Mitterrand.

 

Castro s’ouvre au monde

Les deux hommes s’entendent fort bien. Le 11 janvier 1996, il retourne en France pour assiter aux obsèques de ce président. Pendant que Fidel est reçu par le pape au Vatican, les États-Unis votent la loi Helms-Burton, renforçant l’embargo qui interdit aux sociétés étrangères de commercer avec des entreprises cubaines possédant des biens confisqués à des sociétés américaines.

 

Le déclin

Le 23 juin 2001, alors que Fidel prononce un discours, il s’effondre sur la scène. Fidel n’est plus un jeune homme et son malaise inquiètent son entourage. Son état de santé est le sujet de nombreuses rumeurs aux États-Unis Fidel adresse une lettre au président  Georges W. Bush (Étant donné que vous avez décidé de notre sort, j’ai le plaisir de vous informer que je prends congé comme les gladiateurs romains qui allaient combattre au cirque : Ave César, ceux qui vont mourir te saluent. Je regrette seulement de ne pas vous voir en face car, le cas échéant, vous seriez à des milliers de kilomètres de distance, et moi je serais en première ligne pour mourir en combattant pour la défense de ma patrie.)

5 ans plus tard, il doit céder sa place, du moins temporairement à son frère Raul qui prend la tête de l’état. Quelques jours plus tard il fait une apparition à la télévision, il semble faible, fragile. Il rassure les Cubains sur son état de santé et qu’il est en bonne voie de récupération suite à une intervention chirurgicale réussie. Pour les Américains, c’est du bluff, les renseignements secrets croient qu’il a un cancer en phase terminale. Malgré tout, Fidel est l’hôte d’une importante délégation chinoise et les médias nous font voir un Castro en pleine forme.

En septembre 2007, pour faire taire les rumeurs américaines sur son état de santé, Fidel se retrouve devant les caméras de télévisions, Ironique et avec une pointe d’humour, il déclare : Eh bien, je suis là. Il est moribond, il est mort, il va mourir, après demain. Eh bien, personne ne sait à quel point il va mourir. En 2008, il renonce à solliciter le renouvellement de son mandat à la présidence du Conseil d’État et du Conseil des ministres, poste auquel Raul est élu le 24 février, mais demeure premier secrétaire général du parti communiste cubain. Fidel concentrait  tout ces pouvoirs entre ses mains. Il était premier secrétaire du Parti, président du Conseil d’État (c’es-à-dire chef de l’État), président du Conseil des ministres et chef des armées.

 

Aujourd’hui, personne ne peut occuper tous les postes comme Fidel, être à la fois président, chef des armées, chef du parti etc... On devrait donc s’orienter vers une direction collégiale de l’île, avec une répartition des pouvoirs entre le gouvernement le parti et l’armée. Au mois de février 2008, après tout près de 5 ans au pouvoir, il annonce sa retraite définitive. Fidel s’empresse de publier cet écrit : 

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Socialsmo O Muerte (le socialisme ou la mort) ainsi que Venceremos (Nous vaincrons) sont des slogans qu’on retrouve en abondance sur l’île.

 

À mes chers compatriotes, qui m’on fait l’immense honneur ces derniers jours de m’élire au parlement, je vous informe que je n’aspirerai ni n’accepterai la charge de président du Conseil d’État et de commandant en chef. Ce serait trahir ma conscience que d’occuper une responsabilité qui requiert une mobilité et un dévouement que ma condition physique ne me permet pas. Je veux expliquer cela sans dramatiser. Heureusement, notre révolution peut toujours compter sur des cadres de la vieille garde et d’autres qui étaient très jeunes au tout début du processus. Ils ont l’autorité et l’expérience qui garantiront ce remplacement. Ce ne sont pas mes adieux. Mon seul souhait est de lutter comme un soldat sur le front des idées. Je continuerais d’écrire mes (Réflexion du camarade Fidel). Ce sera une autre arme sur laquelle vous pouvez compter. Peut-être ma voie serai-t-elle entendue.

 

L’homme a suscité des haines terribles et un enthousiasme extraordinaire. Le système égalisateur qu’il a édifié à Cuba a rendu au peuple cubain une dignité perdue sous la tutelle nord-américaine. Pédagogue politique hors pair, détenteur du record des discours les plus longs. L’homme est aussi autoritaire et à l’occasion implacable.

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Raul Castro a pris la relève de son frère Fidel 2008.

 

Même si l’on peut contester le fait qu’il était, selon ses dires marxiste depuis 1953, il est pourtant facile de voir la continuité qu’il y a entre sa jeunesse orthodoxe de gauche et le communiste qu’il est devenu. Symbole de la révolution dans le Tiers-Monde, il a joué lui-même au petit peuple cubain dans la seconde moitié du XXe siècle un rôle mondial ni le passé de l’île ni sa population (5 800 000 habitants en 1953, plus de 11 000 000 en 2005 ne pouvait laisser prévoir.

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De gauche à droite : Dalia Sotto del Valle, l’épouse de Castro, Daniel Ortega, le président du Nicaragua, Fidel Castro et Rosario Murillo, l’épouse de Daniel Ortega.



19/01/2017
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