WIFREDO LAM
Wifredo Lam 1902-1982
Wifredo Óscar de la Concepción Lam y Castilla, dit Wifredo Lam, est né à Sagua La Grande, (Cuba) le 8 décembre 1902 et mort à Paris le 11 septembre 1982. Peintre cubain, promoteur d’une peinture métissée alliant modernisme occidental et symboles africains et caribéens créant ainsi un langage singulier et contemporain. Proche de Picasso, des surréalistes qui le reconnaissent comme l’un des leurs, il côtoiera également les Imaginistes, Phases, CoBrA.
Lam, c’est aussi l’âme de ce temps dans son combat pour la justice, pour la libération des réalités longtemps opprimée. Lam poursuit le même combat que le poète martiniquais Aimé Césaire, peindre le drame de son pays, la cause et l’esprit des Noirs. Il a inventé un langage propre, unique et original, pour défendre la dignité de la vie
Wifredo Oscar de la Concepción Lam y Castilla naquit l'année de la proclamation de la république, après plus de trois siècles de domination espagnole. Le l de son prénom ayant disparu quelques années plus tard à la suite d’une erreur administrative, il adopte complètement ce nouveau prénom de Wifredo.
Wifredo est le huitième et dernier enfant d'un couple aux origines fort différentes et d'une grande différence d'âge. Sa mère, Ana Serafina Castilla, née en 1862, est une mulâtresse descendant d’Espagnols et de Noirs du Congo déportés. Son père, Enrique Lam Yam, né vers 1818, est un chinois originaire de la région de Canton qui a émigré vers les Amériques. Il s'installe en 1860 à San Francisco puis, dix ans plus tard, migre une première fois vers Cuba avant de rejoindre le Mexique en 1880. Il s'installe définitivement à Cuba, dans la ville de Sagua la Grande où il tient commerce et, homme lettré connaissant de nombreux dialectes cantonais, exerce la profession d'écrivain public pour les émigrants chinois. Ce dernier meurt en 1926, âgé de 108 ans. Son épouse lui survit jusqu'en 1944.
Sagua La Grande est une petite ville sur la côte nord, centre sucrier de la Province de Las Villas. C’est là qu’il passe son enfance, dans un environnement mêlant plusieurs civilisations et croyances : le catholicisme cubain auquel appartient sa mère qui le fait baptiser lorsqu'il a 5 ans; le culte des ancêtres pratiqué par son père ; et les traditions africaines, liées à la Santeria, que lui apprend sa marraine, Antonica Wilson, dite Mantonica, une prêtresse très renommée de ce rite. Il apprend auprès d’elle les rudiments du culte et de ses mystères, sans jamais être initié. Elle lui ouvre un monde peuplé d’esprits et d’invisibles.
Départ en exil et retour à Cuba
Après la défaite de la France en juin 1940, il quitte Paris et rejoint Marseille, en octobre, où sont réfugiés des intellectuels et des artistes hostiles au nazisme dont quelques surréalistes regroupés autour de Breton. J’ai eu des contacts très profonds avec les surréalistes j’étais impressionné par le côté poétique un grand combat pour la création. En février 1941, l’Emergency Rescue Commitee que dirigent Varian Fry et Daniel Benedite, leur permet de quitter la France. Avec une première escale à la Martinique (avril-mai 1941) : à Fort-de-France, grâce à Breton, ils découvrent la revue Tropiques et rencontrent ses fondateurs Suzanne Césaire et Aimé Césaire. Entre le peintre cubain et le jeune poète martiniquais, c’est le début d’une grande amitié. Lam se sent proche du combat mené contre l’injustice et le despotisme colonial par Césaire, Léopold Sédar Senghor et Léon-Gontran Damas.
Lam accoste Cuba en août 1941. Il se sent dépaysé dans son propre pays ce que je voyais à mon retour ressemblait à l’enfer révolté par la misère des Noirs sous le régime de Batista. Tout le drame colonial de ma jeunesse revivait en moi. Ce sera le déclic. Ses toiles deviennent des armes qui dénoncent et contestent. Alors j’ai commencé à fabriquer des tableaux dans la direction africaine », en puisant dans le monde magique de son enfance, en s’inspirant des cérémonies de la santería ou des rites abakuas, qu’il apprend auprès de spécialistes ou de connaisseurs (entre autres l’ethnologue Lydia Cabrera). Mais Lam reste un athée. Il peint le drame de son pays en faisant revivre les mythologies d’une population brimée et asservie. Inspiré et bien entouré, Wifredo travaille avec acharnement. Si La Jungle exposée en 1944 à New York fait scandale, elle est achetée par le MoMA dès 1945. Lam peint désormais dans une liberté absolue.
Dernières années actives et nostalgiques
Lam travaille dans l’atelier milanais de Giorgio Upiglio, en août 1978, lorsqu’il est terrassé par une attaque cérébrale. Il en sort à moitié paralysé et cloué dans un fauteuil roulant. Ce qui ne l’empêche pas de créer principalement des dessins gravures, céramiques ou sculptures. Mais développe en lui la nostalgie du pays natal. Dès lors, il partage ces années entre Cuba et Albissola. Il meurt à Paris le 11 septembre 1982. Des funérailles nationales sont organisées le 8 décembre à La Havane.