HISTOIRE DE FIDEL CASTRO

HISTOIRE DE FIDEL CASTRO

LE FIASCO DE LA BAIE DES COCHONS

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John F. Kennedy a hésité avant d’attaquer Cuba. Il a toutefois dû se conformer à la décision qui avait été prise par son prédécesseur Eisenhower.

 

Vers la fin de février 1960, Khrouchtchev promet à Castro un accord commercial concernant le sucre cubain, les Soviétiques s’engageant à en acheter quatre millions de tonnes par an pendant au moins quatre ans.

De plus, ils consentent à Cuba une ligne de crédit de cent millions de dollars pour l’acquisition d’équipement de machines et de matériel. Il ne fait plus aucun doute dans l’esprit des Américains que Castro est un communiste. Eisenhower est en colère, les élections approchent et il doit faire face à un adversaire charismatique qu’il croit capable de déloger, un certain John F. Kennedy.

Le 13 octobre, Castro nationalise 300 entreprises cubaines et les dernières sociétés étrangères (surtout américaines) qu’il avait épargnées en juillet; les ponts sont donc définitivement coupés avec les États-Unis. Un mois plus tard, John F. Kennedy est élu à la maison Blanche et entre officiellement en fonction au mois de janvier 1961. Maintenant Eisenhower est parti, le jeune président se retrouve avec le problème cubain entre les mains. De plus, il doit vivre avec les plans, de l’ancien régime mis sur pied par la C.I.A., sous l’égide et l’approbation de Dwight Eisenhower.

 

Opération Mangouste : la mafia contre Castro

Depuis les années soixante, l’ex-président Eisenhower écoutait de plus en plus son vice-président, Richard Nixon. Qui le mettait en garde contre Fidel Castro et ses véritables intentions.  Lorsque le chef cubain s’est allié au PC cubain en catimini par l’entremise de son frère Raul, qui était membre depuis toujours, il a procédé à la nationalisation de nombreuses entreprises.

 

Une tension se développe lorsque Fidel commence à exproprier des industries américaines, dont la toute puissante United Fruit, proposant une compensation fondée uniquement sur la taxe foncière, alors que ces dernières s’étaient arrangées pour la maintenir artificiellement basse. Ils se font prendre par où ils ont péché, leur avidité, Castro rit dans sa barbe. En quelques mois, plusieurs centaines de millions de dollars d’actifs américains sont expropriés. Les États-Unis répliquent en imposant un embargo, qui est toujours en vigueur aujourd’hui.

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Avec les accords conclus entre Cuba et l’URSS, il ne fait plus de doute aux yeux des Américains que Castro est un communiste.

 

Le fiasco

Précisions tout de suite que l’invasion de Cuba n’est pas une idée de Kennedy, mais de son prédécesseur. Kennedy n’a jamais cru que la violence et l’agression pouvaient remplacer la discussion et la diplomatie. C’est avec beaucoup d’hésitation qu’il a appuyé, au début, cette intervention malheureuse dont l’échec allait consolider la position et rehausser le prestige de Castro.

 

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Ce que les impérialistes ne peuvent nous pardonner, c’est d’avoir fait triompher une révolution socialiste juste sous le nez des États-Unis. Fidel Castro.

 

La décision de soutenir une contre-révolution pour renverser Castro fut effectivement prise par le président Dwight Eisenhower qui, en mars 1962, autorisa des exilés cubains à s’entraîner sur le sol américain en vue d’une (libération de Cuba). Convaincu que le chef cubain s’est converti en  allié de l’Union soviétique et en vecteur de la (maladie infectieuse du communisme), le président D. Eisenhower approuve sans équivoque. Le 17 mars 1960, un programme d’action clandestine, préparé par la C.I.A.

 

Ce programme, dont le budget passera en un an de quatre à près de cinquante millions de dollars, prévoit la création d’un front uni de l’opposition en exil, un effort massif de propagandes anticastriste. Il se fait par la mise en place de stations de radio en Amérique centrale et en Floride, des opérations de guérilla et de sabotage dans l’île, et l’entraînement d’une force paramilitaire. Les stratèges de la C.I.A., étaient convaincu que le choc d’une invasion provoquerait un soulèvement populaire et le renversement du régime. Dans le pire des hypothèses, ils prévoyaient que le corps expéditionnaire établirait une tête de pont, grâce à laquelle s’installerait un gouvernement provisoire qui ferait appel aux États-Unis pour rétablir la démocratie à Cuba.

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Le 15 avril 1961, la baie des Cochons fut l’endroit choisi pour le débarquement par les Américains.

 

Eisenhower annonce la rupture des relations diplomatiques avec Cuba en janvier 1961, avant de léguer le dossier de l’opération Pluton à son jeune successeur démocrate John F. Kennedy qui l’a emporté de justesse sur le candidat républicain Richard Nixon en novembre 1960. Cuba a dominé la campagne électorale de Kennedy a fait monter les enchères en accusant l’administration républicaine de mollesse face à la menace communiste. À la fin novembre, le directeur de la C.I.A., Allen Dulles, informe le président élu de l’opération en préparation contre Cuba. Kennedy approuve la poursuite des préparatifs, tout en insistant sur le fait que la participation des États-Unis doit rester secrète. On sait cependant que Fidel Castro fut informé à temps par ses services de renseignement et le KGB.

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Survivants de la brigade 2506 qui ont été fait prisonniers  par l’armée cubaine

 

En avril 1961, une brigade d’exilés cubains appelée Brigade 2506 est transférée à Puerto Cabezas, sur la côte orientale du Nicaragua, d’où ils s’embarquent à bord de six navires à destination des côtes cubaines, l’endroit choisi pour le débarquement étant la baie des Cochons. Le 15 avril à l’aube, six B-26 appartenant à la C.I.A., et repeints aux couleurs cubaines décollent du Nicaragua avec pour mission d’anéantir l’aviation cubaine. Le lendemain, lors de l’enterrement des sept victimes des bombardements, après avoir comparé le débarquement à l’attaque sur Pearl Harbor. Fidel Castro lance : ce que les impérialistes ne peuvent pardonner, c’est d’avoir  fait triompher une révolution socialiste juste sous le nez des États-Unis.

 

Mais averti de l’imminence d’une tentative d’invasion, Fidel Castro a donné l’ordre de disperser la dizaine d’appareils hérités de Batista et de stationner les appareils hors d’usage sur les pistes de trois aéroports militaires. Grâce à ce stratagème, l’aviation révolutionnaire ne perd que deux appareils lors de l’attaque-surprise lancée le 15 avril contre les bases aériennes de La Havane, de Santiago de Los Banos.

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John F. Kennedy

 

Il n’est pas encore une heure du matin, le 17 avril, lorsque la première barge débarque l’avant-garde des quelques 1400 combattants de la brigade 2506, sur la plage Giron, à l’entrée de la baie des Cochons. Ils sont immédiatement repérés par une patrouille de la milice cubaine qui parvient à donner l’alerte. Fidel Castro organise la riposte depuis son quartier général de La Havane.

 

Disposant d’une supériorité numérique écrasante, les forces castristes déversent un déluge d’obus sur les assaillants et lancent l’offensive finale sur Playa Giron le 19 avril. À cours de munitions, lâchés par leurs commanditaires américains, les survivants de la Brigade 2506 se rendent par centaines ou tentent de fuir à travers les marais.

 

À l’issue de plusieurs jours de ratissage, près de 1200 exilés sont capturés. Les combats qui ont duré soixante-six heures, ont fait 157 morts dans les rangs castristes et presque autant dans le corps expéditionnaire. Le débarquement fut un fiasco, les Américains n’ayant tenu compte ni des horaires des marées, ni du décalage horaire, de sorte que les avions envoyés pour soutenir ceux qui débarquaient arrivèrent et repartirent avant même que le débarquement ne commence. À la suite de cette attaque, Cuba va demander plus de sécurité à ses alliés russes. Khrouchtchev va répondre favorablement à la demande de Fidel Castro en décidant de déployer des missiles à moyenne portée sur le sol cubain.

 

Les missiles russes : sur le bord d’une guerre nucléaire

Le 25 janvier 1962, l’Organisation des États américains (OEA) exclut Cuba par 14 voix contre 6 (Argentine, Bolivie Brésil, Chili, Équateur, Mexique), ce qui ne semble pas empêcher Castro de dormir sur ses deux oreilles. Toute cette affaire de la baie des Cochons ne fut qu’un tissu de mensonges. L’invasion constituait à l’évidence une violation de la charte de l’Organisation des États américains que les États-Unis, avaient signée et qui stipulait que (nul États ou groupe d’États n’est en droit d’intervenir directement ou indirectement pour quelques raisons que ce soit dans les affaires intérieures ou extérieures d’un autre États).

Quatre jours avant l’invasion, à cause de reportages parus dans la presse sur les camps secrets d’entraînement de la C.I.A., le président Kennedy tint une conférence de presse au cours de laquelle il déclara (qu’il n’y aurait sous aucun prétexte quelque intervention à Cuba de la part des forces armée américaines). Le débarquement fut effectivement le fait de Cubains, mais tout avait été organisé par les États-Unis et des avions américains pilotés par des Américains participèrent à l’opération, Kennedy ayant donné son accord pour l’utilisation d’avions anonymes afin de soutenir les forces d’invasion. Quatre pilotes américains trouvèrent la mort au cours de ces événements, mais leurs familles n’apprirent jamais la vérité à leur sujet.

 

Les conséquences du désastre

Il ne faut surtout pas oublier que l’invasion de la baie des Cochons a été élaborée sous le gouvernement d’Eisenhower et que Kennedy y était hostile. Il s’avait néanmoins que s’il refusait d’exécuter les projets élaborés sous l’administration de son prédécesseur il risquait de perdre son autorité encore mal assurée. John F. Kennedy n’a donc pas empêché le débarquement à Cuba, mais a réduit sensiblement la participation des forces armées, notamment en refusant d’envoyer un soutien aérien pendant l’opération.

 

Pour la C.I.A., ce refus est la raison du fiasco. John F. Kennedy se sépare alors de la C.I.A., et affirme sa volonté de la voir disparaître. Il révoquera d’ailleurs son directeur Allen Dulles (qu’on retrouve pourtant dans la commission Warren). On apprendra pour la première fois en 1975 ou 1976 que la C.I.A., et le crime organisé avait projeté ensemble d’assassiner le chef cubain. À la sortie de la crise de Cuba John F. Kennedy était donc aussi détesté que Fidel Castro à la fois par la C.I.A., et par le milieu du crime organisé, ce qui plus tard, allait nourrir les nombreux théoriciens et révisionnistes de l’histoire qui prétendront que Kennedy aurait été assassiné par la mafia. John F. Kennedy a assumé la responsabilité du désastre et n’espère plus rien de celui qu’il considère comme un dictateur à la solde des Soviétiques. Bobby Kennedy, le frère de John, se met cependant en guerre contre Cuba et crée l’opération Mangouste avec la CIA pour intensifier ses actions contre Cuba. Cette action a deux objectifs : retrouver la suprématie militaire et laver l’affront de la baie des Cochons subit par le gouvernement de son frère (et donc d’assurer sa réélection). Jusque là tout va bien, John F. Kennedy et la C.I.A., y trouvent leur compte, la coopération est donc possible et personne ne songe à contredire Bobby, qui devient le moteur de l’opération Mangouste.

 

Mais la C.I.A., fit secrètement appel à la pègre, en particulier aux personnalités mafieuses contre lesquelles Bobby lui-même s’était battu avec tant de conviction. Cette nouvelle alliance laisse supposer que le véritable moteur de l’opération Mangouste n’était peut-être pas Bobby. Et il y eu la crise des fusées. Désormais le gouvernement américain avait la preuve que des missiles soviétiques avaient été introduits sur le sol cubain et le bras de fer allait commencer. D’un côté, le 15 avril 1962, les États-Unis prennent connaissance de la construction d’une base de lance-missiles nucléaire à Cuba, ce qui représente un grave danger pour les Américains, Miami se trouvant à moins de 160 kilomètres. Par contre, Khrouchtchev, qui avait su tirer profit de la situation, était prêt à dévoiler au monde que les États-Unis avaient violé le pacte conclu après la baie des Cochons en créant une opération secrète, l’opération Mangouste. La guerre nucléaire semblait inévitable.

 

La menace nucléaire

Le 4 septembre 1962, un an et demi après, la baie des Cochons. Nikita Khrouchtchev conclut l’accord soviéto-cubain d’aide technique et militaire. De son côté, le gouvernement soviétique déclare qu’une nouvelle attaque nord-américaine contre Cuba déclencherait cette fois une guerre nucléaire. Le 14 octobre 1962, les Américains ont la preuve que des missiles soviétiques sont implantés à Cuba. Il ne s’en fallait pas plus à John Kennedy pour menacer à son tour Khrouchtchev et ordonner le déploiement de la force nucléaire américaine. Excellent politicien, Kennedy fait un discours le 22 octobre, dans lequel il déclare (Notre objectif consiste à empêcher que ces missiles puissent être utilisés contre notre pays ou n’importe quel autres États), s’attirant ainsi les faveurs de l’opinion mondiale. Les États-Unis sont donc prêts, s’il le faut, à entrer dans une guerre nucléaire contre l’URSS. Les menaces de guerre s’intensifiaient et l’holocauste semble imminent.

 

Mais Kennedy et Khrouchtchev réussirent à conclure un accord et le 28 octobre 1962, les Soviétiques annoncent le démantèlement des rampes de lancement tandis que les États-Unis s’engagent à ne plus envahir Cuba. Mais malgré cet accord, la C.I.A., continue ses activités de subversion et de sabotage contre le gouvernement cubain. Les exilés capturés sont libérés en décembre 1962 à la suite du versement d’une indemnisation de 53 millions de dollars par les États-Unis sous la forme d’aliments et de médicaments. Bien en place, Castro voit cependant de nombreux Cubains quitter l’île, dont principalement des expropriés, des opposants à son régime et des pauvres voulant améliorer leur sort. Ils s’exilent aux États-Unis, se regroupant surtout à Miami où ils constituent une importante communauté anticastriste.

 

La trahison de l’amour : Marita Lorenz

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Fidel en compagnie de Marita Lorenz

 

Après la menace des missiles et malgré la promesse américaine de ne plus s’en prendre à lui, les tentatives d’assassinats contre Castro sont nombreuses. Des tentatives qui viennent autant de l’intérieur que de l’extérieur (particulièrement par la C.I.A.) auxquelles échappe le chef cubain, parfois miraculeusement. L’une des plus bizarres tentatives implique cette jeune Allemande, Marita Lorenz, qui a été l’amante de Fidel, on s’en souvient.

Un amour qui va finir dans la tragédie la plus pure. Enceinte de Fidel, elle aurait été kidnappée et avortée contre son gré. De retour aux États-Unis, elle est enrôlée par la C.I.A., avec la mission de tuer Castro. (La C.I.A., m’a tellement lavé le cerveau, ils m’ont donné des drogues, ordonné de tuer Castro pour honorer ma citoyenneté américaine, dit-elle). De retour à Cuba, Marita Lorenz retombe dans les bras de Castro, mais refuse de l’empoisonner. (Si ça avait été quelqu’un d’autre que moi, cette personne aurait pu changer le cours de l’histoire. Mais mon amour pour Fidel m’a rendu impossible l’idée de lui ôter la vie).

 

La C.I.A, ne lui pardonnera jamais d’avoir raté cet assassinat politique. (Ils ont ruiné ma vie depuis ce jour), résume-t-elle. Elle part en mission pour la C.I.A., puis le F.B.I., avant de devenir la maîtresse du dictateur vénézuélien Marcos Péres Jimenés avec qui elle a eu une fille, avant de se marier avec un agent du F.B.I. Marita a écrit une autobiographie qui fera le sujet d’un film. Elle raconte en 2006 qu’elle n’en veut pas à Fidel Castro et qu’elle souhaiterait bien revoir le chef cubain qui était alors à l’aube de ses 74 ans. 



19/01/2017
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