HISTOIRE DE FIDEL CASTRO

HISTOIRE DE FIDEL CASTRO

UNE ENFANCE TROUBLÉE


UNE ENFANCE TROUBLÉE

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Fidel enfant terrible du collège

 

En 1895, le père de Fidel, Angel Castro, a 20 ans lorsqu’il s’engage dans l’armée espagnole pour aller faire la guerre à Cuba, à cette époque une colonie espagnole cherchant à se défaire des chaînes du colonialisme. Angel, né le 5 décembre 1875 dans la province de Lugo en Galice, est un paysan sans instruction et analphabète.

 

En échange de quelques pesos, il accepte de prendre la place d’un fils de riche marchand pour aller se battre dans cette île, qu’il ne connaît pas. Le futur papa de Fidel pense fuir la misère.

Depuis plus de 30 ans, Cuba est en guerre civile. Les États-Unis observent le conflit et sont prêts à intervenir. Géographiquement et logiquement, selon plusieurs penseurs, Cuba devrait être un État américain. Washington offre plusieurs millions à Madrid pour acheter l’île, mais l’Espagne s’y accroche, pensant qu’elle finira par mater les rebelles. C’est dans ce but qu’Angel Castro débarque à la Havane en 1895, sous les ordres du général Weyler, un militaire de carrière espagnol qui n’hésite pas à appliquer la manière forte.

 

Angel se bat pendant trois ans pour le compte de l’Espagne qui malgré ses 200 000 soldats déployés à Cuba, connaît de graves revers. Il n’y a pas que l’acharnement des rebelles qui explique la déconfiture de l’Espagne, l’armée étant également décimée par les maladies tropicales. En effet, près de 100 000 soldats espagnols sont victimes de la malaria, la fièvre jaune et la dysenterie. Malgré tout, cette guerre aurait pu durer encore plusieurs années, du moins jusqu’à ce que les États-Unis s’en mêlent.

 

Défaite Espagnole

Le 15 février 1898, un croiseur américain coule dans le port de La Havane à cause d’une explosion accidentelle. Il n’en faut pas plus pour que les États-Unis déclarent la guerre à l’Espagne. Ils ont trouvé leur prétexte. En moins de dix mois, la puissance et la supériorité militaire américaines vient facilement à bout de l’Espagne, qui rend les armes et capitule sans condition. Le traité de Paris fait perdre à l’Espagne non seulement Cuba, mais également les Philippines, Guam et Porto-Rico.

Après trois ans de combats, Angel hésite à retourner en Espagne où ne l’attend que la misère. Il pourrait se refaire une vie dans cette île en ruine qui ne demande qu’à être reconstruite, mais avant de partir, Angel s’était fiancé et sa promise l’attendait dans son village natal en Galice. Il retourne donc dans son pays pour apprendre que sa fiancée ne l’a pas attendu. Le malheureux évincé décide de revenir à Cuba et en 1899, il débarque à La Havane où les Américains ont reconstruit à la hâte l’économie de l’île en y injectant des millions de dollars.

On a compris que les Américains n’étaient pas là par bonté de cœur, leur objectif étant le développer la culture de la canne à sucre à grande échelle et de manière intensive pour alimenter leur marché. L’United Fruit Company achète donc des milliers d’hectares et a besoin de main-d’œuvre. Angel saisit l’opportunité. Trimer dur est une habitude chez lui, à tel point qu’en quelques années, après avoir loué et exploité quelques hectares, il fini par acquérir, lopin de terre par lopin de terre, une imposante propriété. Le pauvre petit paysan, ex-soldat et analphabète, se fait maintenant appeler Don Angel. Son domaine a dépassé les 10 000 hectares.

Son grand ami et associé, Fidel Pino Santos, rappelle cependant à Angel qu'’il est temps pour lui d’apprendre à lire et à écrire. Pour ce faire, il lui présente une institutrice, Maria Luisa Argota, qu’il épouse. Maria lui donne deux enfants, Pedro Emilio et Lidia.

 

Liens adultères

Angel a de nombreuses familles qui travaillent sur ses terres, où il règne en maître absolu. Il s’intéresse à la famille de Francisco Ruz, marié à une métisse et père de trois filles, l’une d’entre elles Lina Ruz, a 14 ans lorsqu’elle tombe dans l’œil d’Angel, qui la sort de la misérable hutte familiale et l’engage comme domestique dans la grande demeure. Lina a le même âge que sa fille aînée, Lidia. Presque sous les yeux de son épouse Maria Luisa, Angel et la jeune adolescente deviennent des amants.

 

Lina tombe rapidement enceinte. Elle accouche d’une fille, Angela, qui sera élevée dans la petite hutte, puisqu’on ne pouvait pas garder l’enfant illégitime à la résidence. Dans la maison de Castro, on décide d’ignorer l’incident. Après tout, dans chaque hacienda, cela arrive régulièrement. Et puis vient un deuxième enfant, un fils cette fois, Ramon, qui a son tour sera expédié dans la petite hutte pour y être élevé par sa grand-mère. Angel vient sporadiquement visiter les enfants, mais reste déterminé à garder l’affaire secrète, comptant sur la discrétion et la docilité de sa femme légitime. Mais il se trompe. En effet, Maria Luisa accompagnée de ses deux enfants, quitte le foyer familial. Il n’est pas question de divorce dans cette société cubaine dévotement catholique. C’est néanmoins la jeune maîtresse Lina qui devient la grande patronne.

Le départ de sa femme n’affecte pas tellement Angel, car c’est le grand amour entre Lina et lui. Un troisième enfant vient rapidement bénir leur illégitime union, Lina ayant accouché d’un fils le 13 août 1926. Son père lui choisit le prénom de son meilleur ami Fidel.

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Fidel se révéla un fin analyste et observateur.

 

La Saga du petit

Les enfants de Lina ne peuvent pas être baptisés, ni reconnus par leur père. Fidel ne pouvant donc pas porter le nom de son père, il s’appelle Fidel Ruz. Lina a un quatrième enfant, le petit Raul de quatre ans plus jeune que Fidel. Mais Raul n’est que son demi-frère, Angel n’étant pas le père biologique. Il est né d’une relation que Lina a eu avec un sergent, métissé chinois et mulâtre, ce qui n’empêchera pas Angel de le reconnaître plus tard, et Fidel de protéger et de défendre ce petit frère durant toute sa vie.

Le petit Fidel souffre beaucoup de ne pas être baptisé. Il est la risée de ses camarades et les mères ordonnent à leurs enfants de ne pas jouer avec les petits Ruz. Car ce ne sont pas des catholiques. Lina décide de s’exiler à Santiago, où elle et ses quatre enfants pourront vivre dans l’anonymat d’une grande ville, et peut-être convaincre un curé pas trop regardant de baptiser la marmaille.

 

Un père intransigeant

Fidel devra attendre jusqu’à l’âge de neuf ans avant d’être enfin baptisé au mois de janvier 195. Sur le baptistère, on a inscrit : Né de père inconnu. Il ne sera reconnu officiellement par son père, et ne prendra le nom de Castro, qu’en 1943. Entre-temps, à 5 ans Fidel est placée chez des amis de son père, dans une famille haïtienne, sa mère ne pouvant s’occuper de tout ce monde. Malheureusement pour le bambin, son tuteur à la main leste et est adepte de châtiments corporels. Le petit Fidel le déteste, mais il ne peut pas compter sur son père qui est absent.

Fidel entre comme externe au collège Lasalle, un établissement mené par les frères Maristes, mais se révèle un étudiant insupportable, bagarreur et sauvage. Ce n’est qu’une fois accepté en tant que pensionnaire qu’il se calme et devient plus studieux et obéissant. Il est heureux, car il n’est pas obligé de subir les foudres de son tuteur. Ses frères Ramon et Raul viennent le rejoindre chez les Maristes alors qu’il a neuf ans.


L’arrivée de ses frères n’assagit cependant pas Fidel. Les trois frères forment une petite bande qui terrorise son entourage. N'oublions pas que même s’il est finalement baptisé, il n’est toujours pas reconnu par son père biologique. Les frères Maristes n’en peuvent plus et les trois garçons sont renvoyés de l’établissement. Le 7 janvier 1936, Fidel se retrouve à Biran sous le toit paternel. Pour Ramon et Fidel, l’école est finie, Angel ayant décidé de les éduquer lui-même. Si Ramon est heureux, car il adore la terre, ce n’est pas le cas de Fidel, qu'i fugue à plusieurs reprises et supplie qu'’on le retourne au collège.

 

Les Jésuites

Mais Anglel ne cédera pas immédiatement, Il tient à mater cet enfant rebelle. Il le retourne à Santiago dans la famille haïtienne que Fidel déteste. Une crise d’appendicite le cloue au lit pendant trois mois. Finalement, Fidel est envoyé au célèbre collège Dolores de Belén, tenue par les Jésuites. Fidel admire les Jésuites et leur austérité, leur dévouement et leur rigueur. De plus les pères sont à l’écoute de leurs charges. Fidel est serein et en paix avec lui-même, se sentant comme s’il venait de découvrir une nouvelle famille. Il fera tout pour rester dans cette établissement, notamment en mettant fin à ses folies.

En Espagne, la guerre civile fait rage. C’est l’affrontement de la droite de Franco contre les communistes. Comme ses maîtres jésuites, Fidel déteste les rouges. À Cuba, les riches propriétaires terriens, tel Angel Castro, savent fort bien qu’ils n’échapperont pas à la menace rouge. Pour faire face à ce problème, ils s’unissent pour appuyer un certain Fulgencio Batista. Ils comptent sur lui pour être protégé contre une insurrection communiste. Également soutenu par Franklin D. Roosevelt, le général Batista prend les commandes de la droite. Puisque les Jésuites supportent Batista, Fidel aussi est derrière ce général, qu’il combattra moins de vingt ans plus tard.

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Les origines de Fidel détermineront l’homme qu’il deviendra.

 

Angel et Lina ne sont toujours pas mariés et un sixième enfant, une petite fille du nom d’Emma, vient se joindre à la bande des illigitimes d’Angel Castro. À 12 ans, Fidel ne peut toujours pas porter le nom de son père. Il oublie tous ses problèmes et conflits familiaux pour se tourner vers les pères Jésuites et les études. À 14 ans, en pleine élection, il travaille pour son père et goûte pour la première fois à la politique active. Il se promène à cheval pour distribuer les pesos afin d’acheter le vote des paysans. Début peu édifiant qui fait comprendre au jeune adolescent que tout s’achète en politique. En 1940, Batista est élu président de la République de Cuba.

 

En 1941, Angel est finalement divorcé et il épouse Lina. Fidel peut donc enfin porter le nom de son père. Il entre au collège Belén des Jésuites à La Havane. Cet établissement est reconnu pour former l’élite de la nation. Il se distingue par ses succès académiques et ses exploits au basketball. En 1945, Fidel est inscrit à l’université de La Havane à la faculté de droit. Il est à la croisé des chemins.


19/01/2017
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L'ASCENSION DU JEUNE HOMME REBEL

Castro en avait assez que les Américains se trouvent en terre cubaine.

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Castro en avait assez que les Américains se trouvent en terre cubaine.

 

Fidel se retrouve à l’université de La Havane, C'est un monde complètement différent qui accueille le jeune étudiant en droit. La rigueur et la discipline des Jésuites n’ont pas leur place dans ce nid de futurs révolutionnaires. Tout est politique.

 

La grande majorité des étudiants étant nationaliste, plusieurs groupes se forment et se disputent entre eux. Les joutes oratoires se transforment trop souvent en luttes rangées et on règle les différents à coups de poing et à coups de fusil. Fidel observe la situation : Comment faire sa place dans ce monde virulent et enragé? Il aime ce qu’il voit, car tout bouge, il y a de l’action. Pendant sa première année, il se révèle un fin analyste et observateur. Il se joint plus ou moins à quelques associations étudiantes. Il se fait élire comme représentant de la FEU (Fédération des étudiants universitaires), mais se joint aussi à d’autres organismes. Si l’on ne sait pas trop où se situent les allégeances de Fidel, une chose demeure claire : comme la majorité des étudiants, il est profondément anticommuniste.

 

Fidel trouve les différentes factions estudiantines prennent trop de temps à se battre entre elles, en paroles ou à coups de poing et qu’elle ne fait rien pour avancer la cause de la révolution, c’est-à-dire l’indépendance de Cuba, qui consiste à se défaire des chaînes de l’impérialisme américain. Il se fait de nombreux ennemis. Il essaie même, avec l’aide de quelques amis, d’éliminer un de ses rivaux, Rolando Masferrer. Mais ce dernier échappe à ses agresseurs, tout en identifiant Fidel comme l’un deux. Sa vie est maintenant en danger, il doit s’éloigner de l’université.

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Fidel, le jeune révolutionnaire

 

Fidel déjoue quelques attentats à sa vie, mais rester caché dans La Havane devient insoutenable, alors il s’exile à Banes, loin de ses ennemis. Après quelques semaines, l’inactivité lui pèse. Il ne veut pas pourrir sur place et disparaître dans l’oubli. Il n’a pas peur de mourir, mais s’il doit quitter ce monde, il veut le faire pour une bonne cause et dans des circonstances faisant que l’on se souvienne de lui.

Un groupe de 1200 hommes, dirigé par le millionnaire dominicain Juan Rodriguez Garcia et l’écrivain Juan Bosch, s’embarque au port d’Antilla pour débarquer sur une petite île voisine de la République dominicaine, dans le but d’envahir Saint-Domingue et chasser le dictateur Trujillo. Fidel y voit l’opportunité de se réhabiliter aux yeux des révolutionnaires : il se joint donc au groupe composé de Cubains, Dominicains et Portoricains. Pendant 40 jours, le petit groupe est isolé dans la jungle et attend l’ordre d’attaquer, mais en vain.

Cette hésitation a permis à la CIA d’intervenir avec l’aide du président cubain Ramon Grau. L’arrivée de l’armée cubaine force les révolutionnaires à fuir en panique. Fidel réussit à le faire et débarque à Oriente le 26 septembre 1947. Il en veut au président Grau, qu’il considère comme un traître vendu aux Américains. De retour à l’université, il rencontre deux communistes convaincus Alfredo Guevara (aucune relation avec le Che) et Lionel Soto. Ces amitiés  lui ouvrent l’esprit sur le communisme. Il est particulièrement impressionné par Karl Marx et fait du Manifeste du Partie Communiste son livre de chevet. Fidel dévore des ouvrages marxistes, ainsi que divers traités touchant à l’art de la guérilla.

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Le précédecesseur de Fidel castro à la présidence de Cuba Fulgencio Batista.

 

La transformation de Fidel

Alors que les élections approchent, les discours de Fidel prêchent la violence et la dissension civile. Il en a assez de l’inertie des différents groupes anti-Ramon Grau. Mais les autres groupes et associations exaspérés par les propos de Fidel, ne voyant pas la nécessité de mettre le pays à feu et à sang. Le 22 février 1948, son vieille ennemi Manolo Castro (aucune relation avec Fidel) est assassiné à la sortie d’un cinéma. Il ne fait aucun doute dans les milieux politiques que Fidel est responsable. La haine entre les deux hommes étant notoriété publique. Quelques témoins affirment avoir vu Fidel sur place le soir de l’assassinat. Il est interrogé par la police, mais faute de preuves, on le relâche, ce qui ne le rassure en rien, car se ennemis veulent sa peau. En effet ils sont convaincus qu’il a abattu Manolo et Fidel doit donc prendre la fuite une fois de plus.

 

Il décide alors de sortir de Cuba, car il veut visiter le Venezuela, le Panama et la Colombie. Il se rend compte que les problèmes de Cuba et de ces trois pays se rejoignent : leurs habitants partagent une haine commune pour les Yankees. Son anti-américanisme l’éloigne des mouvements d’extrême droite sud-américains à peu près tous financés par la CIA. Pour Fidel, les communistes ne sont pas des monstres assoiffés de sang, comme les Jésuites et son père le lui avaient dit. Ils sont les seuls à avoir le courage de leurs convictions et la discipline pour se battre contre la dictature. Le communisme est cependant faible sur le territoire cubain.

Pour Fidel, il est clair qu’on ne pourra pas conduire une vraie révolution sans un parti solidement organisé et fortement discipliné. Fidel se transforme de plus en plus en un léniniste convaincu. Une orientation politique qui déplaît à Angel, lequel renie son fils et lui coupe les vivres. Pendant quelques temps, Castro erre tout en vivotant de petits emprunts ici et là. Mais sa fortune va changer à cause d’une femme.

 

Fidel à l’autel

Fidel n’est pas un coureur de jupon. Il est tellement timide, devant les femmes qu’il n’ose jamais les aborder, il se réfugie dans la politique tout en laissant entendre qu’il n’a pas le temps à perdre dans les frivolités. Mais tout a changé lorsqu’il a fait la rencontre de Mirta Dias-Balart, la fille du maire de Banes, où il s’était réfugié pour fuir ses ennemis et la fureur paternelle. C’est plutôt Mirta qui lui fait la cour, et l’inexpérimenté Fidel se laisse rapidement séduire. Le 12 octobre 1948, Fidel épouse Mirta. Il se réconcilie avec son père en promettant de retourner à l’université pour terminer ses études en droit. Le couple passe sa lune de miel à Miami et à New-York. Cette visite en terrain ennemi ne fait que renforcer la haine de Fidel pour les impérialistes américains. Au début de novembre, le couple est de retour à La Havane. En attendant de se trouver un logement, le couple s’installe dans un petit hôtel relativement modeste.

Si Mirta reprend ses études de philosophie, Fidel oublie ses promesses et ses bonnes résolutions. Il ne peut pas se passer de la politique. Il retrouve ses amis communistes et s’associe au parti orthodoxe ARO (Action radicale orthodoxe). Il s’implique intensément et abandonne quasiment sa nouvelle épouse, qui se morfond en l’attendant dans la petite chambre d’hôtel.

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L’université de La Havane

 

Le 1er septembre 1949, Mirta lui donne un fils qu'’ils nomment Fidelito. Il est fou de joie. Si Mirta et le reste de la famille s’attendaient à ce qu’il devienne plus prudent dans son activisme, ils se trompent. Au contraire, il se fait encore plus virulent contre le régime corrompu du président Carlos Prio Socarras.

 

Incorrigible révolutionnaire

Il prononce des discours sans équivoque, qui appellent à la violence et à l’insurrection armée. Encore une fois Fidel doit s’éclipser en laissant derrière lui sa femme et son fils sans ressources.

 

Exil à New-York

À la fin de l’année 1949, Fidel s’installe dans une petite chambre à New-York. Il va passer trois mois dans cette ville qu’il exècre pendant que sa femme à du mal à joindre les deux bouts, L’homme qui reviendra de l’exil ne sera plus le même. Que s’est-il passé pendant ses trois mois? Personne ne le sait. Fidel n’a jamais parlé à qui que ce soit de son séjour à New-York. Mirta retrouve un mari et Fidelito un père. Fidel semble avoir abandonné la politique. Il est à la maison et fait sentir sa présence. Mirta est heureuse, même si le couple ne vit pas dans le luxe, Fidel refuse l’aide de son beau-père, le maire et riche propriétaire terrien. Il s’est lancé un impossible défit, soit de devenir, en l,’espace de six mois, docteur en droit, docteur en science sociale et docteur en droit international;. Il passe sagement son temps à la maison, étudiant nuit et jour et ne sortant qu’occasionnellement. De janvier à août 1950, il impressionne son entourage particulièrement son père qui lui donne son soutien financier et moral.

À la surprise de tous, en septembre, il réussit tout. Il est avocat. Avec deux associés, il ouvre son premier bureau d’avocat. C’est un bureau plutôt piteux situé dans un quartier ouvrier. Il n’est certes pas devenu avocat pour faire fortune, refusant de grosses causes pour aider les plus démunis devant la justice. Il est toujours membre du parti orthodoxe et songe à se présenter aux élections en 1952. Il change d’idée et appui plutôt son chef mentor Eddy Chibas le chef du parti orthodoxe, L’important étant de battre Batista à la présidence.

 

On lui promet un poste important au sein du gouvernement si Chibas est élu. Castro a cependant une idée derrière la tête. Il ne croit pas que Chibas soit capable de résister aux Américains. Une fois au pouvoir, il compte s’emparer des rênes du parti avec l’aide des militants purs et durs. Mais il n’aura pas à trahir qui que ce soit puisque l’imprévisible Chibas se suicide lorsqu’il ne peut apporter les preuves de la corruption du Président Prio Socarras. Ce que pourra faire, quelque temps plus tard, l’activiste de 25 ans.

Fidel porte des accusations, mais c’est Fulgencio Batista qui en profitera ce dernier cherchant même l’appui de Castro, qui ne veut rien savoir de ce pantin à la solde des Américains.

 

Le 10 mars 1952, Batista s’empare du camp de Columbia, le centre de commandement de l’armée, avec une poignée d’officiers rebelles. Il ne rencontre aucune résistance. Le lendemain il est proclamé président de la République de Cuba et Pio Socarras est exilé au Mexique. Batista promet des élections qui ne viendront jamais, il est reconnu par les États-Unis et devient la cible de Fidel Castro.


19/01/2017
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PREMIER FIASCO

Une condamnation de 15 ans de prison

 

En ce début d’année 1952, Fidel a maintenant un ennemi Fulgencio Batista. Si toute révolution a besoin de martyre de de héros, elle a aussi besoin d’un tyran à détester. Dès le mois de mars 1952, Fidel va consacrer toute son énergie à mobiliser ses troupes.

 

Il créé un nouveau parti clandestin, dont le but est de pratiquer l’action directe, en d’autres mots la guérilla. Au départ, il ne peut compter que sur un petit nombre de militants orthodoxes, cependant de nombreux jeunes Cubains viendront se joindre au Mouvement, étant donné que plusieurs en veulent à Batista d’avoir usurpé le pouvoir de n’être que la marionnette des Américains.

 

La structure du Mouvement est copiée sur celle de la Résistance française sous l’occupation nazie, et consiste en de petites cellules composées de dix à quinze militants qui ne connaissent ni leurs chefs ni les membres des cellules voisines. Le 1er mai, Fidel ayant trouvé un bras droit solide et loyal en Abel Santamaria, il retourne dans la clandestinité, tentant de fuir la police secrète de Batista, Le SIM (Servicio de Inteligencia Militar). Ceci n’aide en rien son mariage. Castro attaque Batista en justice, l’accusant d’avoir violé la constitution, mais sa demande est jugée irrecevable.

 

Plus l’année 1952 avance, plus le Mouvement prend de l’ampleur. D’une poignée d’adeptes au printemps, on passe à plus de mille membres à la fin de l’année. Au début de 1953, il tonne des idées un peu partout : Fini les discours et les belles paroles, il faut passer à l’action. Il est convaincu qu’il faut passer à l’action. Il est convaincu qu’il faut d’abord faire la révolution pour que le peuple suive ensuite. Mais pour ce faire, il faut des armes et le Mouvement est pauvre. Si l’on ne peut pas acheter des armes alors aussi bien les voler.

 

Fiasco de la caserne Moncada

En ce début de 1953, la relation entre Fidel et sa femme ne va pas très bien, puisqu’ils ne se voient que très rarement. Il voit plus souvent une jeune bourgeoise cubaine militante du parti orthodoxe, Naty Revuelta, leurs relations amicales en restent là, malgré leur attirance mutuelle, car Naty tout comme Fidel, est mariée et est la mère d’une petite fille. Au fil du temps, ils développent néanmoins une intimité sans équivoque. Le 24 mai, les principaux dirigeants du Parti orthodoxe se sont réunis au Québec, à Montréal, afin de conclure un pacte dans le but de renverser Batista le plus rapidement possible. Fidel n’est pas invité, car les chefs du Parti orthodoxe, le trouvent trop volatile. Cet ostracisme ne veut absolument pas passer deuxième. Il est la révolution, c’est sa destinée.

 

Une rencontre à Montréal

Castro organise alors une réaction armée à la caserne Moncada le 26 juillet 1953, mais c’est un désastre. Quatre-vingt des assaillants sont tués, dont son bras droit Abel Santamaria. Castro réussit à filer entre les doigts des soldats, mais sera rapidement rattrapé quelques jours plus tard et condamné à 15 ans de prison.

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Batista fut félicité par le président américain Richard Nixon, pour son élection (démocratique) alors qu’il était le seul candidat pour lequel la population avait le choix de voter.

 

Il comptait beaucoup sur le procès pour promulguer ses idées devant la presse et toucher le peuple. Mais Batista le prive de son auditoire en l’isolant. Il est jugé dans un endroit secret et condamné à la prison en moins de trois heures par des juges sélectionnés par Batista.

En effet Batista ne pouvait se permettre les envolés oratoires du rebelle. Il aurait bien voulu s’en débarrasser, mais il ne voulait pas faire de Castro un martyr pour la cause. Le 26 septembre, une nouvelle secoue Santiago. Fidel a disparu. Selon des médecins à la solde de Batista on l’a transféré et il ne peut plus assister à son procès, on l’isole. Il fait passer le message qu’il va très bien physiquement et qu’on veut le réduire au silence. Pour ce faire, jusqu’où osera-t-on aller? Raul Castro crie sur tous les toits qu’on veut éliminer son frère, et qu’il est en danger. Une militante, Melba Hernadez, réussit à glisser une lettre écrite par Castro au président du tribunal. Fidel écrit qu’il est en bonne santé mais craint l’empoisonnement. Le détenu no 4914 refuse tout aliment provenant de l’administration. Dans sa lettre, fidel révèle que le directeur de la prison, Jesus Yanez Pelletier, troublé par sa conscience, lui a avoué qu’il avait reçu l’ordre de se débarrasser de son prisonnier. On ne pourra cependant entendre le témoignage de Pelletier puisqu’il est secrètement transféré loin de Santiago quelques jours plus tard.

 

Toute cette histoire, vraie ou fausse, fait évidemment la une des journaux. En admettant que Batista ait vraiment voulu assassiner Fidel, il ne peut plus le faire. Ayant remporté son procès au mois d’octobre et réussi à le faire condamner à 15 ans de prison, Batista peut tout de même mieux dormir. Le 17 octobre 1953, le prisonnier est transféré à l’île des Pins où il retrouve ses camarades du Mouvement. Fidel écrit beaucoup et de nombreux complices, surtout des femmes, réussissent à faire passer ses écrits sous le nez des gardes. C’est à cette occasion qu’il rédige L’histoire m’acquittera, discourt passionné défendant son action et explicitant ses thèses politiques.

Certaines de ses missives sont plus personnelles et intimes, notamment l’une d’entre elles qui va le mettre dans l’eau chaude. Un jour Mirta Castro reçoit une lettre destinée à Naty Revuelta et découvre que Naty est la maîtresse de son mari. Elle comprend maintenant pourquoi son mari se fait si rare et les néglige, son fils  Fidelito et elle. L’épouse modèle se sent trahie, elle insulte Naty publiquement et fait savoir à Fidel qu’elle demande le divorce. Ce qui désespère Fidel est la perte de son fils qui suit sa mère vers d’autres horizons. Libéré lors d’une vague d’amnistie en mai 1955, il s’exile au Mexique avec son frère Raul, où il réorganise la résistance à Batista.


19/01/2017
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